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Témoignages

Quelques témoignages de co-listiers pour éclairer les débats et les enjeux
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Interview

Jean Paul Huard (Ouest France le 4 juin 2020)
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Tribune

Arrêtons le projet du nouveau CHU sur l’île de Nantes et son plan de restructuration !

Nantes Ensemble :
la proportionnelle en actes !

La crise sanitaire du Covid19 a considérablement perturbé les élections municipales, avec l’annonce du confinement le lendemain du premier tour qui s’est tenu le 15 mars avec un taux d’abstention de 60% à Nantes. Une période inédite s’est alors ouverte, incitant nos candidat-e-s et sympathisant-e-s à se réorganiser par groupes de travail pour préparer, à distance, les différents scénarios d’un second tour dont personne ne connaissait alors l’échéance. Négociation sur les programmes des partenaires potentiels, gouvernance, santé/CHU, entraide : autant de sujets travaillés dans l’attente d’une décision pour la suite du processus démocratique.

Lorsque la date du 28 juin a été annoncée pour le second tour, les groupes avaient finalisé leur travail respectif et une semaine de négociations intenses s’est engagée : la liste écologiste et citoyenne « Nantes ensemble », menée par Julie Laernoes, a ouvert largement le dialogue avec ses deux partenaires potentielles, Margot Medkour et Johanna Rolland.

Margot Medkour et Johanna Rolland s’étant opposées à la proposition de Julie Laernoes d’un arc à trois afin de représenter au Conseil municipal la diversité de la gauche nantaise, des négociations ont été entamées séparément avec chacune des deux listes « Nantes en commun » et « Nantes en confiance ».

Ces négociations bilatérales étant achevées, plusieurs scenarii se présentaient pour le second tour des élections :

– Partir seul
– Partir avec Nantes en Commun
– Partir avec Nantes en Confiance

 

C’est alors qu’est née l’envie d’expérimenter un processus démocratique innovant pour valider la stratégie de second tour pour la liste Nantes Ensemble

Dans un esprit démocratique, et pour tenir compte de toutes les composantes de la liste, la procédure suivante avait été décidée pour faire ce choix :
– Une information est donnée sur l’état d’avancement des négociations avec les deux partenaires potentiels
– Chacune des instances (EELV, AVEC [Nantes], Génération Ecologie, Parti Animaliste) organise un vote entre les 3 propositions
– Après l’expression de ces 4 acteurs, une instance représentative proportionnelle à la composition de la liste Nantes Ensemble se prononce et acte la stratégie qui en découle.

Toutefois, il est apparu indispensable de tenir compte également des co-listiers et co-listières n’appartenant à aucune des 4 instances, soit 25 personnes non représentées sur les 69 de la liste.

C’est pourquoi un tirage au sort a permis de prendre en compte et compléter cette représentation en la portant à 17 personnes, dans le respect de la parité.

Finalement, c’est bien l’ensemble des composantes de la liste qui ont été représentées à la proportionnelle :
– pour le groupe local EELV, une assemblée générale des adhérent-e-s a été convoquée,
– pour AVEC [Nantes], c’est l’ensemble des adhérents qui s’est prononcé,
– pour Génération Ecologie, un mandat était donné par les adhérents à son représentant
– pour le parti Animaliste, un mandat était donné par ses adhérents à sa représentante,
– pour les co-listiers et co-listières non représenté-e-s, 17 d’entre eux ont été invités à se prononcer.

L’instance représentative a tenu compte des choix exprimés par chacune des composantes, selon son « poids » dans la liste.

C’est ainsi qu’une large majorité (77%) est apparue en faveur d’une alliance de second tour avec la liste « Nantes en confiance » conduite par Johanna Rolland, l’alliance avec Nantes en commun ayant recueilli 13 %.

Lancement de la campagne Nantes Ensemble, automne 2019
Jean-Paul Huard
Ghislaine Rodriguez
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Témoignages

Quelques témoignages de co-listiers pour éclairer les débats et les enjeux de ce choix d’accord pour un programme « Ensemble Nantes en confiance »

Ombeline Accarion
« Entre l’alliance et le deuil du projet initial et les chrysanthèmes, il me semble que nos équipes ont réussi à trouver un équilibre, avec de grosses avancées »

« C’est un peu le problème de ces élections majoritaires à 2 tours : c’est tout ou rien. Difficile à vivre : avec 20%, soit c’est l’alliance et le deuil du projet initial, soit les chrysanthèmes. Mais entre les deux, il me semble que nos équipes ont réussi à trouver un équilibre, avec de grosses avancées. Pouvoir agir sans se renier, l’art du compromis si peu français… a l’extérieur, les nantais ont l’info de l’alliance sans les avancées. Il faut du temps pour comprendre. Perso, il m’a bien fallu 5h de réunion !!! Mais je suis prête à défendre autour de moi ce compromis maintenant. Tête haute ! »

Daniel Giquello
« Parce que je crois qu’on ne peut pas se contenter de regarder passer le train pendant 6 ans, en se satisfaisant de râler contre le conducteur »

« Après le premier tour, je n’avais aucune hésitation pour une alliance avec Nantes en commun, beaucoup plus proche en termes de programme et d’ADN militant, que le PS. C’est l’alternative qui me semblait la plus naturelle, et la plus à même de présenter un contre-pouvoir de gauche à Johanna Rolland, à défaut de nous faire gagner la Mairie. Partir avec le PS me semblait inconcevable, une sorte de pacte de Faust. Je préférais que nous gardions notre pureté et combattions JR dans l’opposition, en cas de victoire de celle-ci.

Pourtant, après la visioconférence de samedi, une phrase de Mado m’a ébranlé : « si nous ne sommes pas en tête, et que nous sommes dans l’opposition, ça veut dire qu’on laisse tomber tous ceux pour qui on s’est battus jusque-là », ainsi que l’évocation de la « 3e voie » formulée par Jean-Paul.

Ce weekend, j’ai retourné dans tous les sens les données dont je disposais… Je me heurtais toujours à ce sentiment de trahison si nous partions avec Johanna Rolland, me disant qu’être avec NeC, c’était quand même la solution la plus honorable. Cependant, ce n’étais pas moi qui déciderais, je m’en remettais aux négociateurs. Quand j’ai reçu le message m’informant que j’avais été tiré au sort pour participer au vote de la stratégie du second tour, mon débat intérieur a pris une autre tournure : j’étais impliqué dans la décision !

Et j’ai réfléchi, mettant tous les arguments dans la balance, et sans avoir le retour des négociations… Pourquoi défendre l’écologie ? Pour protéger les petites fleurs et les petits oiseaux, mettre des abeilles en ville et promouvoir le vélo en hypercentre, flattant ainsi les « bobos » et verdissant l’image de Nantes ?

Ou alors, commencer à changer la société à l’échelle locale, en mettant la justice sociale et la protection de nos biens communs au cœur de toutes les politiques de la Ville, y compris celles qui semblent les plus éloignées de l’écologie telle qu’on peut la percevoir de prime abord ? Prendre soin de tous, protéger les plus fragiles, les plus vulnérables, ceux dont la principale inquiétude, c’est de savoir où dormir, quoi manger, comment habiller les gosses et vivre dans un logement décent. Et dans ce cas-là, comment on fait pour piloter si on n’est pas en tête le soir du second tour ? J’ai aussi fait des calculs, qui ne m’ont pas convaincu, car trop d’inconnues. L’écologie, ne peut plus être l’hypothèse positive d’une équation : elle doit s’imposer coûte que coûte !

Au fur et à mesure de l’avancée de mes réflexions, avant même d’avoir le retour des groupes de négociation, et même si ça me faisait chier, j’entrevoyais vaguement qu’un rapprochement avec Johanna Rolland était la moins mauvaise option pour faire entrer l’écologie à la Mairie et préserver le travail déjà réalisé en direction des plus fragiles. Parce qu’on a beau dire, mais dans l’opposition, à part marquer son désaccord et trépigner, on a aucun moyen d’agir vraiment sur les politiques publiques.

Le retour des négociations m’a conforté dans cette direction, même si ce n’était vraiment pas de gaité de cœur : les mesures intégrées au programme (désormais commun) montraient un réel infléchissement dans notre sens. Plus que des places au conseil municipal, j’ai voté pour que nos propositions puissent être mises en œuvre dès 2020, et pas dans 6 ans.

Je n’ai pas validé cet accord en sautant de joie, mais en pensant à toutes ces personnes rencontrées lors des porte-à-porte, notamment à la Bottière. Ceux pour qui l’évocation du dispositif « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée » a allumé une lumière dans les yeux, ou ceux qui ne supportent plus de voir des gens à la rue dans une ville si opulente, ou ceux pour qui l’accès aux soins n’est même pas une option… Et pour mes gamins aussi, parce que je crois qu’on ne peut pas se contenter de regarder passer le train pendant 6 ans, en se satisfaisant de râler contre le conducteur qui ne va pas assez (ou trop) vite.

Je suis persuadé que c’est de l’intérieur d’un système qu’on peut le faire évoluer, même s’il faut se battre et malgré tout, faire parfois des compromis. Partir avec « Nantes en confiance », ce n’est pas facile à accepter dans mes tripes, mais quand je vois le nombre de nos mesures qui ont été intégrées, et tous les espoirs que ça porte, les vies que ça pourra améliorer, ma raison me dit que c’est une vraie chance pour l’écologie sociale, populaire et politique.

Bien sûr, j’aurais préféré que nous soyons en tête et que nous puissions nous passer d’un accord pour mettre en œuvre l’intégralité de nos mesures. Mais la réalité n’est pas celle-là. Bien sûr j’aurais aimé qu’on nous débarrasse une fois pour toute d’individus toxiques qui occupent la Mairie depuis trop longtemps. Mais ce n’est pas encore pour cette fois (pour ça, le temps fait son œuvre…).

En votant pour cet accord, je n’ai ni trahi mes convictions, ni donné un blanc-seing au PS, …

Mais je pense que la démarche de Johanna Rolland et son équipe est aussi très pragmatique : sur le plan national, les socialistes sont en déliquescence, quelle survie espérer en local sans partager le pouvoir ? Je pense qu’elle est intelligente et connaît son intérêt. Si elle va sûrement tenter de se servir de nous, elle va bien devoir mettre en œuvre son programme et donc, beaucoup de nos idées. Je suis certain que nos collègues colistiers qui seront élus ne seront pas dupes, et resteront conscients d’où ils viennent, et comment ils sont arrivés là !

21 élus ce n’est pas rien, c’est presque un tiers du Conseil Municipal, de quoi peser dans les décisions et ne pas se laisser rouler dans la farine. Regarde le travail fait au mandat précédent par les élus écologistes et citoyens qui étaient moins nombreux : ce n’est pas négligeable, et on ne peut pas dire qu’ils avaient la tâche facile.

En faisant à contrecœur le choix raisonné de rejoindre JR, je n’ai pas fait une distribution de gamelles de soupe ou de sièges à quiconque. J’ai considéré en mon âme et conscience au vu des résultats des négociations, qu’il est plus efficace et moins épuisant d’accompagner le courant et de le dévier vers une direction qui nous intéresse, que de s’épuiser à lutter contre. Au final, c’est l’Ecologie pour Nantes qui en sortira gagnante !

En intégrant la liste Nantes Ensemble, j’ai été enthousiasmé par l’accueil de nos diversités, et la solidarité qui s’est développée pour un objectif commun : greffer et intégrer l’écologie aux politiques de la Mairie. D’une certaine façon, nous y allons, même si ce n’est pas comme nous l’aurions souhaité, et que ça ira sans doute moins vite que dans nos envies. La greffe a déjà pris dans les lignes du programme : c’est énorme !

A nous de maintenir cette solidarité et de jouer collectif avec nos colistiers : ils auront besoin de notre soutien, et notre engagement à tous portera du fruit. Je ne crois pas qu’ils soient là pour une écuelle ou un strapontin : dans cette position, il y a plus de coups à prendre que de lauriers à gagner, et quand je parcours les réseaux sociaux, ça commence déjà ! Malgré la rancœur ou les incertitudes d’un accord qui peut nous déstabiliser, il nous faut rester confiants : les mentalités changent, et le travail mené dans cette majorité peut préparer une vraie victoire dans 6 ans. A nous d’y travailler, tant à l’intérieur des instances que sur le terrain.

Ghislaine Rodriguez
« Une chose était évidente pour moi : je n’aurais pas poursuivi l’aventure si nous n’avions pas obtenu un accord écrit de ce qui engage Johanna Rolland et son équipe »

Au bout de ces six années de mandat, je mesure le poids que représente un groupe écologiste et citoyen soudé, persévérant et cohérent, dans les orientations et les décisions qui se prennent à l’échelle de la ville et de la métropole.

De nombreux combats ont été menés, dans les délégations qui nous ont été confiées, mais aussi sur des sujets sur lesquels nous n’étions pas en accord avec la politique menée par la majorité, que ce soit contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, pour un accueil sans condition des exilés chercheurs de refuge, contre le projet de Yellopark, ou l’extension de la Cité des congrès…

Ces combats sont indispensables, en interne comme en externe et permettent de façonner, de rectifier, de contrer quand c’est besoin la manière de construire notre ville, de prendre soin de tou.te.s ses habitant.e.s, de préparer notre avenir commun.

Alors c’est sûr, j’aurais moi aussi souhaité que les Nantais.es nous placent en 1ère position au soir du 15 mars. Pour que nos énergies soient entièrement mises au service de notre projet politique et ne se perdent pas davantage en luttes internes. Pour que la transformation de nos politiques publiques soient plus rapides, plus radicales.

Une chose était évidente pour moi : je n’aurais pas poursuivi l’aventure si nous n’avions pas obtenu un accord écrit de ce qui engage Johanna Rolland et son équipe, autant dans les propositions pour la ville, que dans le fonctionnement en interne (accès à l’information, prendre en compte les idées contradictoires, prendre part aux décisions…).

Nous avons bataillé dur pendant les négociations et s’il n’y avait pas eu autant de temps (cela s’est déroulé sur quatre jours plein, là où d’habitude cela se passe en 24 h entre 2 tours), nous n’aurions certainement pas conclu d’accord.

L’accord qui a été trouvé entre Nantes Ensemble et Nantes en Confiance est fondé, à notre initiative, sur un travail très fin et inédit de fusion des programmes, et sur une mise à plat des règles de fonctionnement à l’intérieur de la majorité, du rapport aux citoyen.ne.s et de transparence de l’action publique.

Beaucoup de nos revendications, que nous avions le sentiment de scander dans le vide durant le dernier mandat, ont été entendues : 1% du budget de Nantes Métropole pour l’accueil des exilés et sans abris par exemple, ou encore abandon du projet d’extension de la Cité des Congrès…

Un programme commun, nous n’en avions pas en 2014. Aujourd’hui, plus de 60% de nos propositions de programme de 1er tour ont été intégrées dans un programme commun, rendu public, et de nombreuses propositions de Nantes en Confiance ont été amendées pour prendre en compte notre apport : sur l’encadrement des loyers, sur la création d’un budget participatif par quartier, le droit d’interpellation citoyen en conseil municipal, l’accès à la nature pour tous les enfants, ou la formation des animateurs péri-scolaires…

Cela signifie que nos propositions seront mises en œuvre par la collectivité y compris dans les domaines où il n’y aura pas de délégation pour un élu écolo.

Ce travail est rendu public à travers le programme de 2nd tour. Il pose donc les bases de la feuille de route de la collectivité pour les six ans à venir. Il pose également très clairement les points de désaccords et la liberté d’expression et de vote pour tout nouveau sujet qui ne manquerait pas de se présenter.

Dans ces conditions, je me suis dit qu’il était de notre responsabilité de poursuivre, et de participer à la mise en œuvre d’un projet que nous avons depuis des mois contribué à construire avec l’apport de forces militantes, habitantes et d’un ensemble d’acteurs du territoire. C’est pour cela que je poursuis mon engagement dans cette liste de second tour.

Si les électeurs confirment leur vote le 28 juin, nous aurons un groupe de 19 à 21 élus, soit quasi le double de cette fin de mandat, ce qui va permettre de maintenir un haut niveau d’exigence sur les réalisations concrètes pendant le mandat, en particulier sur les questions sociales, éducatives, de transport, de transformation de l’économie, de pouvoir d’agir des habitants.

Nous sommes nombreux.se.s à croire en un « autre possible » pour Nantes. Les combats restent nombreux en interne comme en externe et j’ai confiance dans la force du collectif que nous avons construit durant toute cette campagne, dans la force du groupe d’élus que nous formerons à l’issue de ce scrutin et dans notre capacité à rester soudés, fidèles à nos propositions de 1er tour, déterminés et combatifs à chaque fois que nécessaire.

Jean-Paul Huard
« Avec Nantes en Commun (NEC) au 1er tour, sans NEC au second tour, j’ai choisi une 3ème voie opérante et combative. ».

Nous étions devenus majoritaires au sein de Nantes Ensemble pour construire une alliance avec Nantes en Commun et arriver en tête au 1er tour. J’ai mouillé ma chemise. C’était gagnable. Des résistances il y en avait des 2 cotés. Et finalement cela n’a pas été possible notamment parce que NEC refusait toute alliance avec le PS au second tour. Avec la France Insoumise, NEC s’est construit contre les dérives du PS. J’ai aussi dénoncé ces dérives, donc je respecte, même si je ne partage pas cette stratégie.

Pour le second tour, des militants de notre liste ont pris le relais et établi des contacts avec des militants de Nec pour aboutir à une proposition. J’ai soutenu cette démarche car nous sommes en phase sur l’essentiel. Un débat très intéressant et très démocratique s’est instauré pour approfondir les propositions de Nantes en Commun et Nantes en confiance. Y’a pas photo, majoritairement les militants de Nantes Ensemble se sentent plus proches du programme de NEC. Alors pourquoi le débat et le vote totalement transparent et régulier a donné 77% pour partir avec Johanna Rolland ? Parce que tout simplement partir avec NEC c’était choisir de se retrouver dans l’opposition.
Pourquoi je n’ai pas fait ce choix ? Autant le 1er tour était gagnable et gouvernable en rassemblant la gauche derrière notre majorité NE-NEC, autant le 2ème tour sans rassemblement plus large était perdant et ensuite ingouvernable. Même si on avait fait un coup d’éclat, ce dont je ne crois pas une seconde, impossible de gérer une ville sur la durée contre 70% de la population et de ses forces politiques.

Être dans la majorité avec un nouveau rapport de force, c’est disposer de leviers et de moyens pour poursuivre le combat en appui et en relai des mobilisations citoyennes et du mouvement social.
Un exemple à lui seul pour l’expliquer concrètement : aux conseils municipal et métropolitain je servais de relais, de porte-voix de ceux qui se battaient et accompagnaient au quotidien les exilés et personnes à la rue. Répétant sans relâche qu’il fallait mettre des bâtiments à disposition et 1% du budget annuel de la métropole pour les sans-abris (10 millions d’euros annuels). J’avais le soutien total de mes collègues élus du groupe et ceux qui se battaient sur le terrain ont créés le rapport de force pour l’imposer. C’est aujourd’hui dans notre accord avec JR. Sans cet accord, les personnes à la rue devraient attendre 6 ans si nous restions dans l’opposition ? Impossible pour moi. Dans l’opposition, c’est continuer à se battre contre la municipalité sans engranger des acquis essentiels pour ceux qui souffrent, sans leviers pour engager les transformations urgentes contre les dérèglements climatiques et la destruction du vivant.

Vous me direz mais l’arbre aux Hérons, le CHU, ne sont pas dans l’accord. NDDL, Yellopark, comme l’accueil des exilés n’y étaient pas non plus mais gagnés avec les mobilisations. Et bien, sur ces sujets, tout dépendra des mobilisations. Car en effet, la démocratie représentative est mise à mal, mais les luttes participent et sont indispensables à la démocratie locale comme nationale. L’arbre aux hérons ne se fera pas, le CHU et le système de santé seront revisités en fonction de l’importance des mobilisations.

Qui soutiendra et accompagnera ceux issus des gilets jaunes qui ont installé la Maison du Peuple à Bon conseil ? Ils souhaitent y rester ou s’installer à Cap44. Les beaux discours sur la précarité, les inégalités ne suffisent pas, il faut soutenir ceux qui prennent en main leur avenir. C’est la démocratie du quotidien. Pour aboutir, des soutiens à la ville seront essentiels. Comme la suspension de l’extension de la cité des congrès obtenue dans l’accord laisse une porte ouverte pour poursuivre la créativité artistique et sociale extraordinaire qui se déploie aux ateliers Bitch et Magellan. Comme obtenu dans l’accord la démarche Territoire zéro chômeurs portée depuis 2 ans par plusieurs collectifs dont ATD Quart Monde.

Et je fais totalement confiance aux futurs élus de notre groupe qui incarnent ces mobilisations pour leur donner de l’écho en utilisant tous les leviers pour les faire aboutir. L’accord nous donne des leviers et délégations dans des secteurs essentiels : droit au logement, alimentation, santé, éducation, climat, énergie, déchets, déplacements ….
Être dans la majorité pour améliorer les politiques publiques, le quotidien et poursuivre les combats en cours avec les citoyens et leurs organisations. C’est ce que j’appelle la 3ème voie.

Notre équipe qui a noué des contacts sincères dans une proximité de vue avec nos amis de NEC ne baissera pas les bras.
NEC a contribué à faire bouger les écolos.
Les écolos font bouger JR et son équipe plurielle. Les critiques et les débats sur la stratégie sont nécessaires et font progresser mais les polémiques stériles et les jugements de valeurs sont contre productifs.
Des chemins différents mais notre volonté commune de transformations écologiques et sociales doit nous guider pour la suite. Nous avons besoin de tous pour gagner ces combats. »

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Interview

Interview de Jean Paul Huard (Ouest France le 4 juin 2020)

Colistier écologiste, vous vous êtes battu, Jean-Paul Huard, pour une alliance avec Nantes en commun (Nec), au premier tour. Pourquoi avoir voté pour une alliance au 2e tour avec la maire sortante, dimanche ?

C’était trop tard. C’est dès le premier qu’il fallait s’allier. À Nantes ensemble (la liste de Julie Laernoes, N.D.L.R.) nous étions devenus majoritaires pour construire une alliance avec Nec et arriver en tête au premier tour. C’était gagnable et nous étions en phase sur l’essentiel. Finalement, Nec a refusé toute alliance avec le PS au second tour, dénonçant les dérives des socialistes. Je respecte. Mais je ne partage pas la stratégie.

Pourquoi ?

Parce que partir avec Nec, c’était se retrouver dans l’opposition. Autant le premier tour était gagnable et gouvernable en rassemblant la gauche, autant le deuxième tour sans rassemblement plus large était perdant et ou ingouvernable. Même si on avait fait un coup d’éclat, ce que je ne crois pas une seconde, impossible de gérer une ville contre 70 % de la population et de ses forces politiques.

Concrètement ?

Un exemple : aux conseils municipal et métropolitain, j’étais le porte-voix de ceux qui accompagnent exilés et personnes à la rue. Répétant sans relâche qu’il fallait mettre 1 % du budget annuel de la Métropole (donc 10 millions d’euros) pour le sans-abri. Et bien ça y est ! C’est dans l’accord avec Johanna Rolland ! Sans la fusion, les plus précaires auraient été lésés.

Mais plus globalement, ne sortez-vous pas perdants ?

Non, l’accord nous donne des délégations, et c’est hyper important, dans des secteurs clefs : droit au logement, alimentation, santé, éducation, climat, énergie, déchets, déplacements !

Oui, mais les symboles de l’attractivité, que vous pourfendez, restent inscrits.

Certes, il y a l’Arbre aux hérons, le nouveau CHU… Mais sur Notre-Dame-des-Landes, ou Yellow Park, nous étions en désaccord et nous avons gagné. Sur ces sujets, tout dépendra des mobilisations. Les luttes sont indispensables à la démocratie. Notre équipe, qui a des liens sincères avec Nantes en commun, ne baissera pas les bras. Car oui, Nec a fait bouger les écolos !

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Tribune

Arrêtons le projet du nouveau CHU sur l’île de Nantes et son plan de restructuration !

Fin avril 2020, nous étions une trentaine d’organisations politiques et citoyennes à signer une tribune collective pour préparer des « jours heureux », dans lequel nous appelions à remettre l’Humain et la Planète au centre des préoccupations, réclamant, entre autres, un moratoire sur la réduction de l’offre de soins prévues dans le projet de CHU.
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Voir : "Construisons nos jours heureux. Pour la planète et l’humain"

Aujourd’hui, nous réclamons de nouveau haut et fort l’arrêt du projet de nouveau CHU sur l’île de Nantes et l’arrêt immédiat des travaux.

L’épidémie de Covid-19 a jeté une lumière crue sur l’état de déliquescence de l’hôpital public, dû à un sous-financement chronique et à des réformes qui, depuis les années 1980, visent à contenir les dépenses de santé tout en transformant l’hôpital en entreprise. Nous aurions pu disposer de bien davantage de lits de réanimation si les capacités d’hospitalisation n’avaient été réduites de 100 000 lits ces 20 dernières années. L’épidémie est venue souligner la nécessité de disposer de lits d’hospitalisation en nombre et de se départir d’une vision purement comptable de l’ouverture et de la gestion de ces lits. Car à Nantes comme ailleurs, si la crise du Covid-19 a été gérée, c’est au prix de la déprogrammation des autres patient.e.s dit.e.s « non covid », et des pertes de chances qui y sont associées. On sait pourtant qu’avant l’épidémie, les délais de consultations et d’intervention dans certaines spécialités étaient déjà de plusieurs mois pour certaines spécialités, qu’il fallait parfois un an pour obtenir une IRM, et que quasiment quotidiennement des interventions chirurgicales étaient reportées faute de place en réanimation.

Comment, dès lors, et alors que la population de l’agglomération explose, accepter que le projet du nouveau CHU sur l’île de Nantes prévoit la suppression de près de 360 lits, en vantant les mérites d’un hôpital innovant, numérique et basé sur des prises en charge à la journée, dites ambulatoires ? Quelles seront les conditions d’accueil et de suivi de ces patient.e.s « de passage » ? Et dans quelles conditions se feront les retours à domicile (s’ils.elles en ont un) ?
Par ailleurs, comment accepter la suppression de 800 postes, alors que le personnel manque depuis des années de temps et de moyens pour faire correctement son travail et que toutes et tous cumulent les heures supplémentaires ? La grève des soignant.e.s de l’unité de chirurgie ambulatoire de l’Hôtel Dieu début 2019 était historique ; elle dénonçait déjà le sous-dimensionnement du personnel d’une unité ambulatoire toute neuve et préfigurant ce que sera ce nouveau CHU.

Enfin, comment accepter aujourd’hui de dépenser au bas mot 1 milliard d’euros pour implanter un équipement aussi stratégique qu’un CHU sur un terrain alluvionnaire, inondable, sur une île déjà densifiée, dont les accès sont difficiles, et qui sera de surcroît survolé à basse altitude par les avions se posant à l’aéroport de Nantes-Atlantique ?

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui pour sauver l’hôpital public et ses agents à Nantes, c’est de moyens supplémentaires, de nouveaux locaux, d’un renforcement des capacités d’hospitalisation, notamment en court séjour, en chirurgie. Les start-up de la santé auxquelles il est fait une place de choix dans le projet et le secteur privé qui récupérera les activités que le CHU aura diminuées voire abandonnées ne sauveront pas l’hôpital public, ils l’enterreront.
Certains opposeront la vétusté du CHU actuel et la revendication de meilleures conditions de travail pour le personnel, épuisé. Il faut ici être très clair. Ces problèmes sont cruciaux et doivent être traités, le CHU actuel n’est plus adapté. En revanche, ils ne sauraient constituer des arguments justifiant le projet, car c’est justement ce projet et son coût faramineux qui contribuent à dégrader les conditions de travail du personnel. La décision du CHU d’autofinancer lui-même ce nouvel hôpital pressurise des agents déjà malmenés par les plans d’austérité précédents. L’explosion des arrêts de travail ces dernières années et le bien triste record des 245 000 jours d’arrêt enregistrés par l’hôpital l’année dernière doivent alerter les directeurs, l’ARS, l’Etat et la maire qui préside le conseil de surveillance. Annoncer vouloir revenir sur les capacités d’hospitalisation de ce nouveau CHU n’est pas suffisant.

Un nouveau projet pour l’hôpital est nécessaire, tant sur le fond que sur son site d’implantation. Des alternatives moins coûteuses et plus respectueuses du personnel et des usager.e.s sont possibles. Il est urgent d’arrêter le projet de l’île de Nantes et de réfléchir ensemble avant de débuter des travaux et d’édifier des bâtiments pour les 50 prochaines années. Sinon, ce sont les professionnel.le.s, les usager.e.s, la collectivité qui paieront le prix de ces erreurs.

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Ensemble, Nantes en confiance

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