Solidarité

Communiqué de presse collectif – 18 octobre 2019

Après l’expulsion de la Maison du peuple

Face à l’incurie de l’État, les collectivités locales doivent agir !
 

Mardi 15 octobre, peu après 6 h 30, les forces de l’ordre ont procédé à l’expulsion d’une trentaine d’exilé.e.s qui occupaient un squat connu sous le nom de Maison du peuple (du nom du collectif qui le gérait) et situé dans le quartier de Doulon à Nantes.

Les personnes expulsées étaient principalement des femmes et 18 enfants – dont certains malades – qui avaient été « sortis » du gymnase Jeanne-Bernard à Saint-Herblain et mis à l’abri dans cette maison. De plus, des personnes sans domicile fixe et quelques migrants demandeurs d’asile qui vivaient dans cette Maison du peuple se sont aussi retrouvés à la rue.

Pour les expulser, un impressionnant dispositif policier a été déployé puisqu’on a dénombré sur place une vingtaine de camions de CRS… Alors même que les associations et collectifs d’aide aux exilé.e.s avaient fait savoir qu’ils ne s’opposeraient pas à un déménagement si des solutions de relogement étaient proposées.

Après s’être retrouvées dans la rue dans le froid et l’humidité, durant plus de deux heures, certaines de ces personnes ont ensuite été accompagnées à pied à la mairie annexe de Doulon toute proche où elles ont été mises à l’abri, momentanément, dans la salle des mariages.

Une fois de plus, la seule réponse des services de l’État, face à la précarité et la vulnérabilité de ces personnes exilé.e.s et réfugié.e.s à Nantes, a été la brutalité d’une opération de police totalement disproportionnée par rapport à la situation.
Pourtant, c’est à l’État qu’incombe la responsabilité de protéger toute personne en détresse :
« Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence » Article L. 345-2-2 et 2-3 du Code de l’action sociale et des familles

Aussi, nous demandons – une fois de plus -, que le droit s’applique et que l’État remplisse la mission qui est la sienne, ce qui est loin d’être le cas alors que son action devrait répondre au plus élémentaire devoir d’humanité.

Face à l’incurie de l’État et des services de la Préfecture, nous demandons aussi expressément au Département, à la Ville de Nantes et aux communes de la métropole nantaise d’assurer un hébergement d’urgence pour toutes ces personnes. La Ville de Nantes a, en effet, ratifié la Charte de l’Association nationale des villes et territoires accueillants (ANVITA) dont elle est membre, laquelle souligne « les impératifs de l’urgence et de l’inclusion de toutes personnes de manière inconditionnelle. » Des solutions existent : baux précaires, voire réquisition d‘immeubles vacants.

Mais cela passe aussi par la reconnaissance du travail des associations nantaises dont les membres se battent au quotidien, depuis des mois, pour apporter les soins, la nourriture et l’accueil indispensable à la protection de toutes les personnes sans abri.

Ces associations, qui se substituent ainsi aux obligations de l’État, redoutent l’arrivée inéluctable de nouveaux demandeurs d’asile sur Nantes, hommes, femmes et enfants.

La Préfecture ne leur propose rien, le Département et les villes de l’agglomération refusent de mettre des bâtiments à disposition des associations pour faire face à l’indignité. Pire, les solutions mises en œuvre par les associations sont anéanties par ce type d’expulsion, au mépris de toute humanité pour ces personnes fragiles.

Pour faire cesser cette situation, les partis et associations signataires demandent :

– l’ouverture d’une maison d’accueil d’urgence des migrants et de toute personne à la rue, le temps de trouver un hébergement durable.

– un espace de dialogue permanent sur l’accueil au sein de la métropole.

Signataires :

Europe écologie les Verts (EELV), ATTAC 44, Association de veille écologiste et citoyenne (AVEC Nantes), Solidaires, Ensemble, Place Publique, Association FAKIR, la France Insoumise, Gauche Démocratique et Sociale (GDS).

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